Petit guide du savoir-vivre dans les Palaces

Par Edward, chroniqueur désabusé

A quelques jours de l’élection de Miss France, qui verra une nouvelle fois consacrer l’union de l’intelligence et de la beauté, et réunir sous une  même couronne la passion pour le métier d’esthéticienne et la terrible envie de finir Prix Nobel.

Je  ne sais pas d’ailleurs si vous avez déjà remarqué la propension pour une Miss à militer pour la paix dans le monde, la réduction des gaz à effets de serre, et s’insurger avec véhémence contre la vivisection des grenouilles au Paraguay.

Oui, la Miss s’engage, et nous, on aime ça une Miss qui s’engage !

Le parallèle avec mon domaine de prédilection ? Eh bien, à part une photo sur le parking du Campanile d’Hénin Beaumont, il n’y en a pas, vous me direz, et bien  détrompez vous…

Comme vous suivez avec passion l’actualité du monde hôtelier, vous n’êtes donc pas s’en savoir que le 8 novembre dernier, un arrêté du ministère du Tourisme a été publié pour l’attribution d’une nouvelle catégorie, celle des Palaces…

Mot galvaudé, puisqu’on l’emploie depuis presque toujours, alors que même, jusqu’il y a encore quelques mois, la France ne comptait que quelques établissements classés en catégorie 4 étoiles Luxe et que donc les palaces n’existaient que dans l’inconscient collectif.

Grâce à Hervé Novelli, Secrétaire d’Etat chargé du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services et de la consommation, oui Madame, rien que ça, il ne manquerait  plus qu’il fasse aussi partie du comité Miss France,

et bien grâce à Hervé, quand un patron de PME profite de sa secrétaire au-delà de ses simples performances d’assistante administrative, dans des positions athlétiques et douteuses, au beau milieu  d’une zone commerciale sans âme dans un hôtel sans nom et bien cette belle secrétaire a au moins les faveurs désormais d’un hôtel 1 étoile. Et notre belle secrétaire doit se sentir valorisée.

Fini donc les hôtels sans étoile, chacun a le droit à la sienne désormais, même si les chambres ne se louent qu’à l’heure.

Et toujours grâce à Hervé, nous avons maintenant aussi, en France, des établissements avec 5 étoiles où le prix d’un café correspond au prix de la chambre où notre patron de Pme de tout à l’heure entretient, je le rappelle, des rapports étroits avec notre belle secrétaire, qui un jour, peut-être a rêvé, elle aussi d’être Miss France.

Mais pourquoi cette obsession de Miss France ?

Et bien, comme nous dénombrons désormais un peu plus de 90 hôtels avec 5 étoiles au fronton, les grandes maisons, celles qui font briller les lustres, qui ont une armée de grooms  et qui facturent en room service une tomate mozza à 55 euro, et bien, ces hôtels là se verraient bien gratifiés d’une plaque supplémentaire avec écrit dessus Palace, pour que le prix de la chambre standard dépasse enfin le revenu d’un smicard.

Et pour être Palace, il faut en faire la demande avant la fin de l’année, déjà avoir ses 5 étoiles,  c’est comme au ski, on ne saute pas les étapes ! Et remplir une fois de plus une liste de critères….encore plus drastiques que les précédents.

Nous aurons des critères sur la taille des chambres, qui dans un palace devront au minimum avoir une surface équivalente à un studio parisien pour la single room, et  au moins à celle d’un grand studio pour la chambre à partager à deux, histoire d’y mettre  le fameux King Size et votre mari sumo (les gens qui ne rient pas sont priés de lire le chapitre III du Petit Guide du savoir vivre, car ils ont du rattrapage à faire)

Bon, tout ça, ce sont encore des inspecteurs qui vont remplir des grilles avec des lunettes pincées sur le nez et vont devoir rédiger des rapports de 5789 pages pour expliquer pourquoi l’attribution a été refusée. Ces rapports étant destinés uniquement à occuper le stagiaire du service archivage de la cellule Tourisme du Ministère de l’économie, vous l’aurez compris, et n’y voyez pas une répartition maladroite de l’argent de vos impôts, je vous prie.

Mais la nouveauté, c’est qu’Hervé Novelli s’est fait coacher par Geneviève de Fontenay, non pas pour l’achat d’un chapeau ridicule, non, non, mais pour nommer un comité de sélection qui se pâmera de critères subjectifs pour désigner nos futurs palaces.

Alors là, vous me dîtes, mais oui un comité d’experts, et vous aurez en partie raison, puisqu’autour du président, Dominique Fernandez, académicien, normalien, et auteur de quelques récits de voyage et primé du Prix Goncourt en 1982 pour Dans la main de l’ange (Dieu sait qu’il y en a dans les Palaces des anges) on retrouve Hubert Joly, président et directeur général de Carlson depuis deux ans maintenant, Carlson étant le spécialiste des voyages d’affaires. Ce qui est hautement justifié car combien de contrats sont signés dans les palaces. Au nombre de mafieux russes qu’on trouve sur la french riviera, il y en a certainement un grand nombre, en effet.

Joseph Olivereau le fondateur de la chaîne Relais & Châteaux fait lui aussi partie de ce comité d’experts, là rien ne vous étonne, on se dit que ce brave homme doit en connaître un rayon en belles maisons…

Mais là , où on a juste envie de rire, et ça tombe bien, c’est le but de cet article, Carole Rousseau va elle aussi s’extasier sur la couleur des rideaux du Bristol, ou la qualité de la moquette du Carlton, car c’est bien cela qu’on va lui demander.

Comme bien sûr, vous faîtes partie de ces millions de français qui ne disposent pas de téléviseur chez eux, ou même s’ ils se sont équipés d’un home cinema son dolby surround integré  ne regardent, ô grand dieu, jamais la télé.  « Pas le temps ou pas que ça à faire » paraîtrait il…

Je vais donc vous présenter le parcours professionnel de cette grande Dame du Petit Ecran et vous justifier sa place au sein de ce comité.

Je cite la note ministérielle. « Carole Rousseau est une animatrice de télévision française née en 1967. »

Carole a donc fêté cette année ses 43 ans et toute l’équipe du Petit Guide du savoir vivre dans les Palaces lui souhaite un joyeux anniversaire.

43 ans, Carole a donc déjà accumulé une sacré expérience, jugez-en par vous-même

«  Elle commence sa carrière en 1991 sur FR3 sur la Marche du Siècle puis sur le Droit de Savoir. » Alors pour les plus jeunes, la Marche du Siècle est l’ancêtre des Racines et des Ailes, et France 3 s’appelait auparavant France Région 3 ce qui permettait de brillants décrochages régionaux pour présenter à des téléspectateurs médusés l’actualité brûlante de leur canton en première partie de soirée  (passionnants reportages sur la pêche à la truite et sur la dernière élection de la Miss du canton, qui , un jour peut être sera, elle aussi élue Miss France, car une Miss France avant d’ être une esthéticienne humaniste et surtout une jeune fille élue par des alcooliques d’un petit canton, bon passons ce n’est pas l’objet ici, l’objet étant, je le reprécise la nomination de Madame Carole Rousseau au comité de sélection des Palaces)

La note ministérielle poursuit « Elle rejoint France 2 en 1996 pour présenter Déjà Dimanche ».

 Alors pour les nouveaux nés, Déjà Dimanche est l’ancêtre de Vivement Dimanche, et c’était donc Jean-Luc Delarue qui animait avant Michel Drucker nos fins de week-end.

Jean-Luc est désormais dans l’import export de farines blanches et s’est définitivement, nous le regrettons, retiré du paysage audiovisuel.

Et là, la note ministérielle n’est pas très sympathique avec  Carole, car certaines choses mériteraient de ne pas figurer sur des documents portant le sceau de la République, jugez plutôt

«  En 1997, elle rejoint TF1 (oh lalala, on s’attend au pire !) pour co-présenter Pleins les yeux puis Célébrités avec Stéphane Bern. Entre 1997 et 1999, Carole présente de nombreuses émissions spéciales. Elle devient également productrice et présentatrice de Scrupules et C’est quoi l’Amour. »

Carole est donc, vous l’aurez compris, une journaliste d’investigation passionnée par l’anthropologie et qui n’hésite pas à faire part de ses recherches sur le terrain dans de fabuleuses émissions où des gens déballent devant la caméra leurs troubles éjaculatoires ou leurs difficultés à éprouver un bonheur orgasmique.

Tout ça dans un esprit sain en parfaite adéquation avec la philosophie de la chaîne.

Mais terminons, cette trop courte biographie de Carole sur le bien fondé de sa nomination au comité des Palaces. « Carole a présenté à la rentrée 2010 l’émission Master Chef, un grand concours national de cuisine sur TF1 »

Et oui, Carole a valorisé la quiche lorraine, le steak tartare et le bourguignon, pendant des semaines, alors que des chefs fort brillants dans leurs cuisines, un peu moins devant les caméras et un critique gastronomique, encore plus odieux, que je ne le suis, car oui, Mesdames, Messieurs, ça existe, humiliaient des pauvres gens en quête d’une gloire culinaire et cathodique.

Carole incarne donc le renouveau de la gastronomie française, celle qui passe des pianos aux studios, celle qui encourage des cuisiniers en herbe à monter leur bistrot de quartier, celle qui vous fait rêver en détaillant des carottes à une allure de Speedy Gonzales.

Terminons donc cette brillante démonstration par un grand « Oui »

Carole a le droit de siéger à ce comité aux côtés du fondateur des Relais & Châteaux  et d’un illustre académicien, quand on voit son parcours, elle a tout le mérite pour distinguer le vrai du faux dans une salade caesar de room service .

A elle, les grilles d’évaluation des petits déjeuners continentaux,

A elle, la dégustation des Petrus et châteaux Margaux

A elle, la reconnaissance du travail de ces brigades qui suent sang et eau pour remettre au goût du jour la volaille de Bresse et le lièvre à la Royale.

Nous abordions la question des impôts et là, vous vous sentez rassuré sur leur bonne utilisation, car oui, dans les ministères, on réfléchit.

Je ne me poserai pas la question de savoir si un jour Carole a eu l’envie de se faire élire par un comité régional pour avoir la chance  de devenir l’ambassadrice de charme et de beauté de tout un pays, car voyez vous, notre brave ministère a choisi d’autres People.

A la lecture de ce comité, on a la quasi sensation de lire une couverture du magazine de sciences sociales Gala…

Gonzague Saint Bris, illustre homme de lettres, qui figure dans toutes les soirées du Gotha, dira si oui ou non la tapisserie du Ritz a une qualité palace et Adélaide de Clermont Tonnerre, dont la famille est fort célèbre et qui comme Carole a fait de la télé dans une émission de télé réalité, dont je tairai le nom pour qu’à la fin de cet article, vous ne soyez pas contraint d’écrire au ministère exigeant la radiation de l’équipe de nomination de ce comité pour insulte à la Nation toute entière.

Chers Amis lecteurs, dès le premier trimestre 2011, les premiers noms des palaces tomberont et vous saurez ainsi quand vous réserverez au Bristol, au Park Hyatt, ou au George V que Carole Rousseau y est venue avec un petit carnet pour connaître non pas, comme par le passé, les déboires sexuels des bagagistes, non, non, mais pour donner son accord pour que brille sous les 5 étoiles déjà attribuées à ces établissements de renom, la glorieuse mention Palace.

Je ne dirai qu’une chose, à la manière d’un illustre Général : Vive la France !

Et à la manière d’un non moins illustre Homme d’Esprit : Ça c’est Palace !

Et même si la Dame au chapeau ne sera pas aux côtés  de Jean-Pierre Foucault cette année, réservez vous quand même le droit de voter pour la plus belle des Miss de canton et donnez de l’espoir à une esthéticienne de peut-être remporter une Renault Clio intérieur velours…

A la découverte des plus beaux hôtels accordera un article spécial à l’avènement de nouveaux palaces en France. Cet article sera teinté d'un professionnalisme exemplaire, qui me fait aujourd'hui encore défaut.

NB : Cet article est un article d'humour dédié aux lecteurs intéressés par l'univers de l'hôtellerie de prestige et il ne peut être considéré comme un article de diffamation envers les actions menées par le gouvernement pour valoriser l'industrie hôtelière.

Il ne critique ni ne diffame le travail et la personnalité des acteurs de l'univers cathodique actuel.

Les revenus du chroniqueur ne permettraient pas une défense lors d'un éventuel procès 

Nous nous soumettons donc à la clémence et au sens de l'humour des personnes citées dans cette article qu'elles soient esthéticiennes ou non.

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